Offrir des roses à la Saint Valentin – traduction éthique

Aujourd’hui, c’est la Saint Valentin et ô combien de personnes s’en vont offrir des fleurs à leur partenaire ! Un geste simple mais pourtant porteur de sens et de toute une représentation du monde !

En français, le mot « sens » peut se comprendre de deux manières différentes : le sens comme direction ou le sens comme signification. Aujourd’hui, dans le cadre de cet exercice de traduction éthique, nous allons nous concentrer sur le sens comme signification à partir de cet acte si fréquent pour un 14 février qui consiste à offrir des fleurs le jour de la Saint Valentin.

Certains, peut-être un peu râleurs, se positionneront d’emblée comme des réfractaires à la Saint Valentin : pourquoi attendre le 14 février pour signifier son amour à l’être aimé ? L’amour, c’est tous les jours que cela se fête ! De toute façon, la Saint Valentin n’est qu’une fête commerciale, un prétexte de plus pour vous inciter à sortir votre porte-monnaie. D’autres y verront la fête de l’amour ; des événements comme celui-là sont nécessaires pour faire rythme la vie en collectivité, et ainsi faire société, comme avec les rites.

Un petit détour par l’histoire montre que cet événement tire ses racines ailleurs que dans de pures visées mercantiles ; fêté dans un très grand nombre de pays du monde, il aurait une origine attestée au XIVème siècle dans la Grande-Bretagne encore catholique où le jour de la Saint-Valentin du 14 février était fêté comme une fête des amoureux ; on pensait à l’époque que les oiseaux choisissaient ce jour pour s’apparier. Restée vivace dans le monde anglo-saxon, comme Halloween, cette fête s’est ensuite répandue dans d’autres pays à une époque récente (*1).

Tout ceci étant dit, si l’aspect commercial vous révulse tout particulièrement, faites preuve de créativité et d’authenticité ! Préférez écrire un poème de votre cru ! Il est vrai que certains y verraient la manifestation d’une forme de pingrerie et que, pour donner une preuve de son amour, il est primordial d’y consacrer un budget conséquent. 

Par contre, si vous n’avez rien contre cette dimension commerciale ou que vous y voyez une obligation sociale qui prime sur le reste, alors vous choisirez probablement d’offrir un bouquet de roses rouges.

En effet, la rose rouge possède de nombreuses significations et la première chose à laquelle nous pensons lorsque nous évoquons la rose rouge, c’est probablement l’amour, un amour passionnel ; offrir des roses rouges dévoile de manière symbolique la profondeur de ses sentiments.

Porté par vos sentiments, vous n’aurez probablement pas prêté attention au fait que la floraison des roses s’étale de mai à début automne ; en France, les roses ne fleurissent pas en hiver, au mois de février, le jour de la Saint Valentin. Mais d’où viennent donc toutes ces roses ?

Le site de la fondation GoodPlanet nous donnent quelques explications (*2) :

La rose représente 58% des bouquets offerts lors de la Saint Valentin. Lorsqu’un joli bouquet de roses arrive chez vous, la probabilité est grande qu’elles proviennent du Kenya. Elles auront été coupées à proximité du lac Naivasha, transportées en camion réfrigéré puis en avion à destination des Pays Bas où les deux tiers seront vendus aux enchères à des grossistes qui les revendront à des fleuristes indépendants, à des grandes surfaces et à des enseignes franchisées comme Interflora, Florajet ou Monceau Fleurs. Au total vos roses auront parcouru près de 8 000 km. La rose hollandaise peut alors apparaitre comme une alternative « locale ». Mais cultivée la plupart du temps sous serre éclairée et chauffée artificiellement, son empreinte carbone est jusque 6 fois supérieure à une rose importée du Kenya ! La culture des fleurs, et particulièrement des roses, requiert d’importantes quantités d’eau : entre 7 et 30 litres d’eau pour une seule fleur, ce qui assèche progressivement les cours d’eau exploités. Au Kenya, le niveau du lac Naivasha, où les fermes de production de roses puisent leur eau, baisse inexorablement ce qui nuit autant aux habitant du secteur qu’aux tribus pastorales Massaï dont les troupeaux viennent s’abreuver sur les rives du lac.

Site de la Fondation GoodPlanet

Je passe ici les développements sur les nombreux produits chimiques employés, dont certains interdits en France, ou encore les rudes conditions de travail des employés horticoles (*2).

Ceci étant dit, vous pouvez aussi choisir d’acheter des roses rouges pour soutenir l’économie d’un pays africain, les sociétés de transport qui participent à leur transport et tout simplement le fleuriste à votre coin de rue ; par vos achats, vous soutenez des modèles économiques et/ou de commerce. Dans cet esprit, si vous souhaitez bénéficier de commerces de proximité, vous aurez tout intérêt à les faire fonctionner – pour ce qui concerne la vente de fleurs, je ne crois pas qu’Amazon se soit encore positionné sur ce créneau. 

Si après toutes ces considérations, vous hésitez encore, n’oubliez pas qu’en revenant les mains vides, vous aurez peut-être le droit à la soupe à la grimace pendant toute la semaine !

Nous voyons donc que le simple fait d’offrir des roses à la Saint Valentin est une décision dont les significations possibles sont nombreuses et parfois contradictoires. Cet exercice de traduction éthique pourrait être poussé plus loin en cherchant à mettre en avant les valeurs et principes qui interviennent dans la décision mais ce n’était pas l’objectif aujourd’hui.

L’idée était de montrer comment l’éthique peut aborder la signification de nos actes et comment prendre la mesure de leur portée. Ce travail de traduction est nécessaire à un agir en conscience dont on peut répondre, autrement dit un agir responsable. C’est aussi une manière de mettre du sens dans les gestes de son quotidien.

(*1) Pour en savoir plus sur la Saint Valentin, ici sur Wikipedia

(*2) Comment choisir le bon bouquet de fleurs ? sur le site de la Fondation GoodPlanet ICI

Lien pour marque-pages : Permaliens.

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