La liberté d’expression, un concept aujourd’hui bien malmené.

Pendant de nombreuses années, j’ai suivi Monique Canto-Sperber dans l’émission qu’elle animait sur France Culture :  « Questions d’éthique ».  Elle a publié également de nombreux ouvrages, notamment sur la philosophie antique et morale, qui me servent encore de référence. Aujourd’hui, elle vient d’en publier un nouveau : Sauver la liberté d’expression chez Albin Michel. Elle y propose une réflexion sur les tensions qui se font de plus en plus fortes dans notre société entre « le droit de tout dire, la parole libérée » et « l’activisme militant qui dénonce et pousse à la censure ». A l’occasion de cette parution, elle a également été l’invitée des Matins de France Culture où vous pourrez l’écouter en podcast.

Jusqu’où ? Jusqu’où laisser les apprentis censeurs d’aujourd’hui définir ce qu’on peut dire et ce qu’il faut taire ? Jusqu’où tolérer que défoulements et protestations envahissent le monde numérique ? Jusqu’où supporter que des extrémistes privatisent les règles de la parole, refusent le débat et installent leur hégémonie ? La parole publique est déjà l’objet d’un rapport de forces, elle sera demain l’enjeu d’un conflit. Le temps des injonctions est révolu, il faut désormais résister.La parole fait mal, change le seuil du tolérable et peut même réduire au silence. Il est donc légitime de la limiter, mais au plus près des délits et sans censure préventive. Bien sûr, on peut tout dire, mais pas n’importe comment et à condition de ne pas vouloir être seul à parler.Le concept moderne de liberté d’expression fut forgé entre le XVIIe et la fin du XVIIIe siècle. Les outils numériques, le multiculturalisme, la démocratisation de la parole l’ont rendu peu à peu inadéquat pour régler la parole publique. Fidèle à la tradition libérale, ce livre revient sur l’histoire de la liberté d’expression et en renouvelle le sens, comme la garantie de la plus grande diversité de points de vue.Pour la défendre, une philosophie des limites, des concepts sobres, des moyens inventifs seront plus utiles qu’une croisade. Ne pas se lamenter sur l’état des choses, mais combattre pour ne pas nous retrouver un cadenas sur la bouche et une prothèse dans la tête.

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