L’éthique comme compétence

Et si on considérait l’éthique comme une compétence plutôt que comme un ensemble de règles à respecter ?

En proposant de considérer l’éthique comme une compétence, on cherche à redonner du poids au rôle de l’individu et aux particularités de chaque situation et, ce faisant, on veut éviter de réduire l’éthique à un corpus strict de lois ou de règles. Une telle approche demande à l’individu de faire face à chaque situation et de trouver une posture juste et adaptée, et éventuellement d’innover. Ce n’est pas inné et des formations avec de nombreux cas pratiques sont nécessaires. La préparation sera d’autant plus importante que ce n’est pas dans l’urgence de la situation que l’on prend le temps de réfléchir et que l’on réfléchit le mieux.

Au-delà, considérer l’éthique comme une compétence amène aussi à revoir la manière de l’évaluer ; il ne s’agit plus seulement d’apprécier si la règle a été respectée mais surtout de voir de quelle manière la compétence éthique a été mobilisée : qualité du raisonnement et de l’argumentation, capacité à appréhender les différents points de vue, qualité du dialogue avec les parties prenantes, etc.

Hannah Arendt, dans ses travaux sur la banalité du mal et le phénomène bureaucratique, alertait sur la tendance à ignorer la singularité de toute situation et à se voiler la face sur les limites de l’action (irréversible, imprévisible et anonyme).

Dans le monde de l’entreprise et de la banque/assurance, je m’inquiète par exemple de l’évolution de la compliance/conformité où les approches sont de plus en plus lourdes et tendent parfois à se bureaucratiser. Dans un tout autre registre, celui de la société, je regrette que l’adoption de lois soit le plus souvent la première, voire la seule, solution envisagée pour répondre à des questions éthiques.

Bien entendu, il y a des exceptions et le rapport de la CNIL sur les enjeux éthiques des algorithmes et de l’intelligence artificielle va dans ce sens (Rapport de décembre 2017). D’ailleurs, la recommandation numéro 1 de ce rapport n’est pas d’adopter des lois (qui auraient de toute façon du mal à suivre le rythme des évolutions technologiques et de leurs usages) mais de « Former à l’éthique tous les acteurs-maillons de la « chaîne algorithmique » (concepteurs, professionnels, citoyens) ».

On y vient donc ! Mais est-ce que le fait de considérer l’éthique comme une compétence permettrait de répondre aux enjeux des nouvelles technologies ou de dépasser les travers soulignés par Hannah Arendt ?

Pour nourrir cette réflexion sur l’éthique comme compétence, je partage ci-après un premier article que j’avais écrit en 2010 et qui avait été publié dans la revue Echanges de l’Association des Directeurs Financiers et de Contrôle de Gestion : Ethique comme competence – Echanges DFCG 2010.

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